Le syndrome de Peter Pan chez les enfants
I - Comment cela se passe t'il ?
Tout part des PEURS issues des épreuves personnelles difficiles que l’enfant a vécues pendant la grossesse, l’accouchement et l’enfance (peur de perdre l’amour maternel, peur de la mort, peur de l’abandon…) mais aussi des PEURS maternelles (parfois aussi paternelles) qu’il a pu ressentir et garder en lui lors de la relation fusionnelle avec sa mère.
Disposant de la capacité naturelle de faire face au danger ou de fuir, l’enfant va choisir de fuir devant ses peurs et va revenir vers sa mère comme pour lui dire : « maman, j’ai trop peur de grandir ; je ne trouve pas la confiance et la sécurité en moi, je veux redevenir ton bébé et remettre toute ma sécurité et ma confiance en toi… ».
L’enfant devient alors responsable de bloquer lui-même sa véritable personnalité par son refus de grandir et son désir de rester « le bébé » de sa mère (ou de la femme maternante). Si sa mère l’appelle : « Mon bébé, mon poussin, ma puce, mon chaton, etc… », elle va renforcer cette démarche de régression.
II - Quels troubles va présenter l'enfant ?
1) Des signes du refus de grandir et d’immaturité donnant sens à son désir de régression :
Paroles d’enfants révélant ce refus de grandir :
- Elsa, 5 ans, venue pour une anorexie dit à sa maman : « je veux pas manger parce que je ne veux pas grandir, je veux rester petite ! »
- Léa, 3 ans, à sa maman enceinte : « Quand ma petite soeur sera sortie de ton ventre, moi, je voudrai y aller ! »
- Martine, 3 ans, dont la maman est morte: « je veux pas grandir, je veux venir dans le ventre de papa ! »
- La mère de Benjamin, 9 ans, lui dit : « tu es un grand garçon. » Lui, répond : « Non, je suis un bébé ! »
- Tristan, 6 ans : « J’aime bien que maman me prenne comme un bébé parce que je l’adore. Je voudrai bien me marier avec elle… »
Autres paroles d’enfants révélant ce refus de grandir...
Le langage du corps et des comportements :
Le pipi au lit ou le caca dans la culotte ; le sucer du pouce, l’utilisation du doudou et de la tétine à un âge avancé ; le collage à la mère ; le « parler bébé » ; les pleurs type « chouinements»; le retour dans le lit des parents ; la dépendance aux adultes (par ex. il faut que maman ou l’enseignant reste à côté de lui pour qu’il accepte de se mettre au travail) ; la nourriture liquide sans morceaux et parfois le refus de manger.
Le langage symbolique dans les rêves, à travers les dessins, dans les jeux :
- A travers les jeux :
Hugo, 8 ans ½, prend comme marionnette un schtroumpf, et lui fait dire: « je suis un petit bébé ! »
« Comment t’appelles-tu petit schtroumpf ? » lui demandais-je.
« Hugo ! » eu je comme réponse.
- A travers les dessins :
Dessins révélateurs du désir de redevenir bébé (galerie)
2) Des manifestations de ce qui a été souvent appelé : « L’enfant-roi », « l’enfant-tyran ».
En REFUSANT de GRANDIR, l’enfant va développer en lui une âme de pirate que j’appelle « le tyran intérieur » qui va dire en substance à sa mère : « Je suis le Dieu, Je suis le Roi, Je suis le Centre du Monde et je veux régner sans partage sur ton cœur ! » Ce TYRAN sera facile à reconnaître chez un enfant qui fait des bêtises ou manifeste de l’hyperactivité ou de la violence, mais plus difficile à démasquer chez certains enfants.
Tout d’abord, les enfants très inhibés qui jouent « au débile » et qui vont être pris à leur propre jeu et vont arriver avec un diagnostic de débilité porté à la suite d’un test de QI (Quotient intellectuel) réalisé par un psychologue. Très redoutable sont ceux qui ont un visage d’ange et à qui « l’on donnerait le bon Dieu sans confession » ; le tyran particulièrement séducteur est très habile parce que très caché. Les parents sont aussi facilement trompés aussi par ceux qui jouent « aux grands » ; ils ont des comportements d’adulte alors qu’ils ont une profonde immaturité affective et émotionnelle. Ces enfants ne révéleront « en pleine lumière » cette partie tyrannique cachée que dans un 2ème temps au cours de la thérapie.
Ce tyran n’a qu’un désir tout puissant : jouer, jouer, et encore jouer. Il est allergique au moindre effort. Il devient dépendant des programmes de TV et des jeux vidéos. Le tyran va toujours couper la parole des autres et de sa mère en particulier. Il va faire des bêtises ou le « clown » pour qu’on s’intéresse à lui.
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Le tyran croit toujours avoir raison: « C’est toujours la faute des autres et jamais la sienne ! » De ce fait, il se met en échec partout. Il va entrer dans l’autodestruction et la destruction des autres : il va par exemple retourner sa frustration et sa colère contre lui-même en se tapant, se griffant, se scarifiant… Le tyran s’enferme dans son « château fort mental » avec d’épaisses murailles.
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Il va devenir enragé si quelqu’un s’oppose à son désir tout puissant.
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3) L’enfant va fuir dans son imagination en créant une « bulle » plus ou moins hermétique :
Lorsque la pression de l’effort devient trop grande, il va, comme Peter Pan, s’envoler dans son univers magique. Il se coupe alors de la réalité et plus ou moins des autres. S’il se coupe totalement va apparaître le syndrome autistique.
Anne, 7 ans, est complètement bloquée à l’école et elle me dit : « J’ai la tête à l’envers ! » Sa mère raconte qu’après avoir vu le film Peter Pan, elle a dit : « moi, j’aime bien le pays imaginaire! Je veux être Peter pan et rester comme lui. »
Enfermé dans sa bulle, l’enfant n’aura aucune conscience de ses actes et pourra se mettre gravement en danger.
Les enseignants vont alors dire : « Il manque de concentration, il est dans la lune ou les nuages… » et les neuropédiatres vont parler de « troubles de l’attention ».
4) L’enfant va bloquer lui-même ses forces naturelles de vie et créer les symptômes pour lesquels il va venir consulter :
- s’il bloque sa joie de vivre, il va se rendre malheureux et pourra créer une véritable dépression qui va être cachée (dépression masquée).
- s’il bloque sa parole, apparaîtront retard de langage (souvent appelée dysphasie), troubles de la prononciation ou bégaiement ;
- s’il bloque son intelligence naîtront les troubles de l’apprentissage scolaire, une dyslexie (difficulté à la lecture) ;
- il va toujours bloquer la confiance en lui et avoir peur de tout ;
- il va souvent bloquer sa créativité et sa bonté naturelle …
En bloquant ces forces de vie, il pourra subir des « tempêtes émotionnelles intérieures » qui vont se traduire par de l’agitation appelée « hyperactivité ».
Comment guérir du syndrome de Peter Pan (PDF)
Pour en savoir plus sur le syndrome de Peter Pan, consultez les documents PDF :
- La thérapie semble bloquée : que se passe t’il au niveau de la dynamique familiale ?
- Le syndrome de Peter Pan chez les enfants adoptés
- De l’enfant tyran au syndrome de Peter Pan (Compiègne- 2006)
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Dr Daniel Haué